Témoignages de Catherine : IMC en solo, avec deux enfants "différents"
mardi 20 décembre 2011

Catherine s’est exprimée au travers de plusieurs questionnaires témoignages, nous avons voulu rassembler ses textes pour en faire un seul.

Le texte ci-dessous est de l’auteure, dans sa totalité. Elle a choisi d’employer la 1ère et la 3ème personne du singulier pour parler d’elle-même.

« Maman IMC, je m’appelle Catherine, je travaille dans la fonction public à 50%, mon employeur me dit, sympathique et volontaire, mais aussi lente et inadaptée. Ma bête noire, c’est la machine à café, le lundi matin, quand tous se regroupe et joue au jeu « qui à passé le meilleur week-end ? » Bien entendu exclue, mon histoire n’intéresse personne...

Lorsqu’en 2004, on lui annonce que son enfant est autiste : la blessure est énorme, je suis handicapée, je me suis mal occupée de lui, je n’ai pas su réussir son éducation, je suis une mauvaise mère. Espoirs et doutes. Malgré tout, je serai une bonne mère, j’aiderai mon enfant.

Pour surmonter ce manque, le couple décide de faire un 2ème bébé. Celui ci s’appellera « Hope » Espoir, elle ne renonce pas à son rêve d’avoir l’enfant qu’elle attend.
En 2011, l’Histoire recommence, sa fille (son deuxième enfant) s’enferme à son tour dans cette transparence (TED, trouble envahissant du comportement). Elle n’a jamais rien ressenti de comparable à ce « nœud » auquel elle devra faire face, seule. Comme si sa douleur n’était pas si grande, on lui parle de pathologies de surcharge lysosomale* pour sa fille...
Alors, commence pour Catherine une lente descente aux enfers, pendant des mois, elle subit les insultes de son mari. Elle refuse de se laisser briser, au lieu de se courber, elle se bat toujours et le jour où un responsable lui demande : « Vous êtes handicapée et vos enfants aussi, pourquoi continuer à travailler ? » Elle lui répond simplement : « Je choisis mon destin et le mien est de ne pas être assistée. »

Son handicap fait peur, mais qu’importe, elle se trouve jolie et revendique sa féminité. Elle s’obstine à trouver des bribes (petits morceaux) de bonheur même dans des circonstances insolites.

Elle demande le divorce. Envers et contre tous, elle poursuit sa route seule avec ses enfants.

Avoir de la volonté, ne pas se rouiller ! Il semble que les épreuves aiguisent les sens et lui permettent d’avancer. Impossible ? Et pourtant…

Je suis actuellement en congés longue maladie, car d’après les médecins je fais une dépression d’épuisement.
Leur conclusion est : « l’IMC, est un facteur de précipitation et un facteur de risque de décompensation, dans la mesure où on relève parfois une certaine lenteur dans l’idéation et qu’on comprend aisément aujourd’hui, que ses capacités d’adaptation arrivent à saturation ».

Je veux crier ma colère car les bons sentiments et "les coups de poignard", j’en ai assez !!!

Je présente à la fois une intégration réussie et ce qui fait peur pour les autres.

J’ai appris à me taire parfois, plutôt que d’être confrontée à l’incompréhension des collègues et des professionnels car d’après mon employeur je ne devrais pas toujours ressasser des préoccupations plus personnelles.
Un peu de psychologie, s’il vous plait et si c’était vous ? »

Je me bats, jour après jour, pour rester digne dans ce monde où une mère handicapée ayant des enfants différents n’a pas sa place.

Je ne trouve pas de témoignages de parents dans mon cas et cela m’isole encore d’avantage, car j’ai le sentiment d’être réellement seule.

Catherine raconte autrement ...

« Je m’appelle Catherine, je suis une maman handicapée solo avec 2 enfants différents.

Dans ma maison, il y a des bambins différents, il y a une maman IMC qui se prend pour une héroïne et parfois pour « Réponse », un homme cloué sur son canapé, ne voulant pas déménager pour une place moins confortable. Il lève la voix quand le train peine à avancer.

Dans mon salon, il y a madame tristesse et monsieur déprime qui se sont installés, il y a aussi des cris, un garçon autiste qui se prend pour superman qui veut une maison de « bien », une petite fille atteinte de TED qui se prend pour hawkgirl***.

Devant ma porte il n’y a pas de TISF**, ni service prestataire, mais des analyses pour éliminer des pathologies de surcharge lysosomale et une tachycardie qui a pris ses aises.

Parfois, je me lâche et ma recette est... quelques bonbons au chocolat, 1000 larmes, 1 brin de folie, 1 lichette de respect, 1 doigt de plaisir et quelques sorties au cinéma afin de ne pas me sentir « hors normes » et d’être simplement moi. »


Ma philosophie de vie

« Le mot Handicap fait peur et il faut avoir un certain recul sur soi pour ne plus se réduire à une simple étiquette qu’on nous à posée durant les premiers mois de notre vie.
Se confronter à notre différence n’est pas facile car nous ne somme pas dans la "norme", mais qu’est ce que la norme ?
Nous sommes tous pareils chacun à ses particularités, cependant il y a ceux qui aiment les échanges, expliquer et ainsi s’enrichir et puis ceux qui n’aiment pas... ils veulent qu’on les laissent tranquilles.
Rêver c’est important, lorsque l’on trouve que la vie est un peu compliquée, qu’on supporte beaucoup et qu’en avoir plein la tête c’est normal quand on s’accroche pour se faire une place.

C’est difficile de se libérer de soi-même car nos voyons nos propres faiblesses. Comme tout le monde, la plus grande difficulté est de s’accepter tel que l’on est. Accepter que nous ne pouvons pas tout assumer et que c’est normal d’avoir des moment où on se lâche. La volonté est une force que l’on construit et à chaque épreuve celle-ci peut être ébranlée.

Vivre, se créer ses petits bonheurs est essentiel.
Ne pas se comparer à la "norme" car cela voudrait dire, qu’il y a du bon et du moins bon et on serai pas meilleur que celui qui juge sans savoir.
Se trouver des armes pour progresser et grandir dans la vision que l’on se fait de la vie et avoir conscience que chaque individu à ses propres faiblesses.  »

Le dernier mot

Ce que j’aimerais dire tout simplement
« Le handicap n’est pas une fatalité et chacun de nous à son parcours bien singulier même s’il n’est pas facile de se faire une place. Notre histoire, notre vécu, même si nous sommes tous différent dans notre manière d’être et de voir la vie, cela fait de nous des êtres fascinants.  »

Merci Catherine pour ce témoignage.

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*Une maladie lysosomale est une maladie, généralement génétique, de l’enfant et de l’adulte, en rapport avec le fonctionnement anormal d’une des enzymes contenues ... (Wikipedia)

**(TISF) Technicien de l’Intervention Sociale et Familiale

*** (Hawkgirl) Dans les différentes versions comics, Hawkgirl est la partenaire, et parfois compagne, du héros Hawkman. (Wikipedia)


- Catherine s’est aussi exprimée sur son parcours de vie dans l’article.

Mon parcours : la famille, le regard des autres, l’école ...