Magaly trapéziste par intermittence... un rêve réalisé
mercredi 27 février 2013

Magaly

Je m’appelle Magaly, j’ai 35 ans. Je fais du cirque depuis trois ans. Pourquoi faire du cirque alors que je peine à avoir de l’équilibre ? Le cirque m’apporte l’équilibre qui me manque en raison de mon Infirmité Motrice Cérébrale. Depuis que j’en fais, j’ai trouvé cet équilibre, et j’ai trouvé aussi l’équilibre mental.

Au cirque j’y allais étant petite, lorsque j’étais à l’I.M.E à Marseille, le mercredi, et un de ces après – midis là, en voyant une trapéziste, je m’étais dit, un jour je serai à sa place et ce jour – là, je trouverai l’équilibre. Je n’en parlais pas car j’avais peur qu’on me prenne pour une personne qui n’accepterait jamais son handicap. Et c’était inimaginable car j’avais déjà du mal à l’avoir, cet équilibre, rien que pour marcher… Alors être sur un trapèze !!! 
Plusieurs années après j’ai rencontré une troupe de cirque ; j’avais eu l’occasion de voir leur spectacle, qui m’avait donné plein de frissons. Leurs spectacles sont aériens, ils jouent trente minutes, pendant ce temps j’ai pu m’imprégner de cette image d’« envol ». 
Et ça m’a stimulée pour reprendre des séances d’orthophonie, avec la méthode Padovan ; cette méthode m’a beaucoup appris sur l’équilibre et la confiance en moi. Cette méthode m’a permis de mieux parler et d’ailleurs, j’ai recommencé également une psychothérapie. 
Puis quelques temps, après j’ai eu le courage de demander au directeur artistique de cette troupe si par hasard il ne connaissait pas une association circassienne qui faisait faire du trapèze aux personnes ayant un handicap. 
On s’est recontactés, il m’a donné le numéro. J’ai fait le reste. Ce geste me redonnait aussi confiance en moi !

J’ai eu au téléphone Véro. 
Véronique a ouvert Ascendant, il y a dix ans. L’association a pour but de mélanger tous les gens, handicapés ou pas. 
Elle m’a passé les infos sur le stage qu’il y allait avoir bientôt ! 
J’y suis allée ! Ce que je pensais était réel : dans le groupe il y avait tous types de personnes, des « valides, des personnes déficientes intellectuelles, des trisomiques et moi avec mon handicap physique ! » 
Avant j’aurais craint ce « mélange », et là non ! Car pourquoi je demandais aux valides de m’accepter et je n’aurais pas accepté les autres personnes handicapées. Je réalisais que j’aurais aussi une activité en commun avec mon entourage. Certes différente, juste un peu !

Au début j’adorais monter sur le trapèze mais cela fait mal sous les pieds. J’allais à cent à l’heure aux stages, j’étais tellement heureuse ! Car en revenant chez moi, j’allais parler avec les copines et copains de ceux qu’ils connaissaient et pas de mes soucis de handicap. En plus l’ambiance du cirque, j’apprécie. Cette ambiance, je l’ai toujours plus au moins connue, à travers des camarades, à l’époque de mon adolescence. Puis, lorsque j’étais en foyer de vie, j’étais toujours tournée vers l’extérieur. J’avais frappé à la porte d’une association de cirque sur Grenoble. Mais ils ne me proposaient que du jonglage ou de la danse avec du cerceau ; ce désir d’envol était toujours enfoui en moi, mais semblait inaccessible, avec ma main « maladroite », ça m’a freinée. Puis toutes ces personnes m’ont apporté de l’assurance, de la confiance. J’arrivais à dire stop aux gens qui m’enviaient que je m’en sorte mieux avec mon handicap. Pour faire ma passion avant tout ! Véronique m’a présenté une école de cirque plus proche de chez moi. Je me suis inscrite, il y a deux ans, et tous les mardis soirs, j’y vais. Je suis dans un cours d’adultes ; la première année, j’ai présenté un numéro de foulard. Et oui du jonglage, assise sur un bidon ! 
Pendant les vacances je montais à Ascendant participer à un stage de création d’écriture d’un numéro de cirque. Avec une représentation à la fin de la semaine. Mon numéro était sur une perche adaptée, en bas la perche finit par un semblant de carré. Comme ça je peux me mettre debout, ou faire le cochon pendu, tête en – bas et les genoux pliés sur la barre. Une de mes figures favorites. 
La deuxième année, rebelote ! je me suis inscrite à l’école de cirque sur Nîmes qui s’appelle Turbul’. Encore les mardis soirs, en milieu d’année je me suis investie pour faire le journal de l’école. Et je me suis mise au C.A. A la fin de cette deuxième année, j’ai présenté un numéro d’équilibre sur un ballon, à la fête de fin d’année. Ce numéro m’a pas mal apporté en équilibre. J’allais aussi vers d’autres écoles de cirque pour faire des stages de clowns. 
L’été suivant je montais encore à Ascendant faire le stage de création d’un numéro de cirque avec toujours une représentation à la fin de semaine, en public. Là je reprenais le numéro commencé en milieu d’année à Turbul. Et je me suis surprise en arrivant, à tenir sur le ballon à genoux, un long moment. 
Troisième année à Turbul toujours au C.A mais au poste de secrétariat.

Ce monde me convient car sans doute, si j’étais autrement, je serais dans ce monde là car j’ai un esprit à être dans ce milieu. Une précision : je ne suis jamais accompagnée d’une auxiliaire pour faire cette activité. Et c’est comme ça que j’arrive mieux à prendre mon indépendance. Tout en sachant demander de l’aide.

Si j’ai un conseil à donner, faites ce que vous aimez malgré le handicap. Faites ce que vous attendez vous – même pour prendre votre envol. Lorsque je monte au trapèze ballant, je vois tout le chemin parcouru et j’en suis bien fière.

www.ascendances.org/jeux-aeriens-adaptes.


Nous vous remercions Magaly pour ce portrait de vous. APF Écoute Infos