Scolarité - formation professionnelle (Conférence inter régionale APF)
jeudi 22 décembre 2011

Journée régionale APF sur l’Infirmité Motrice Cérébrale (Chartres/Champhol) du 15 mai 2009.

A lire : Le compte rendu complet en pdf (49 pages)

Ci-dessous vous trouverez le texte de la conférence retranscrit.

- Thème 2 : Scolarité - formation professionnelle

  • Intervention : Mme Longue (Institutrice) et Mme Mhalla (Auxiliaire de vie scolaire), école Gérard Philippe, Vernouillet (28)
  • Contrepoint : Mme Gohrayeb - Mère d’une fille avec IMC

Scolarité – Formation professionnelle

Mme LONGUE relate son expérience dans l’accueil d’un enfant handicapé dans sa classe ordinaire. La scolarisation en milieu ordinaire signifie que l’école est ordinaire et pas forcément adaptée au handicap. C’était le cas de son école où il y avait des marches, il n’était pas facile de se déplacer ni d’utiliser les toilettes. La présence de cet enfant a été l’occasion de demander des améliorations. Les handicapés reçoivent des autres mais chacun reçoit d’eux également. Dans la classe, il a été nécessaire d’adapter les locaux et le matériel d’enfant à une chaise et une table adaptées. Il travaille beaucoup avec un ordinateur et cet outil est très intéressant. L’enfant a un handicap léger dans la mesure où il marche. Il se déplace en fauteuil roulant pour les longues distances. Il s’exprime et comprend assez bien ce qui se passe en classe. Par contre, il a des difficultés motrices, en particulier pour écrire. L’ordinateur lui permet de faire le travail comme les autres enfants. Le travail de Mme longue est de l’aider à travailler comme les autres enfants. Il est également assisté de Mme MHALLA pour pouvoir le faire dans de bonnes conditions.

La classe s’est transformée également pour accueillir d’autres intervenants. Une ergothérapeute vient s’occuper de lui toutes les semaines pour arranger sa situation et le faire travailler sur d’autres aspects. Elle donne également des conseils pour faire évoluer la pratique de Mme LONGUE. Une psychomotricienne vient également chaque semaine. Elle travaille à l’extérieur de la classe. Les intervenants sont généralement bien intégrés à la classe pour que lui-même se sente bien intégré.

Ce petit garçon est en école depuis plusieurs années. Toutes les démarches avaient été faites auparavant et tous les intervenants étaient déjà autour de lui. Les intervenants ne sont présents qu’à mi-temps. La classe a été organisée pour que, le reste du temps, tout se passe le mieux possible.

Mme MHALLA est auxiliaire de vie scolaire depuis six ans. Son contrat est renouvelé tous les ans et se termine cette année. Elle n’avait aucune expérience en arrivant et a été formée sur le terrain. Elle a suivi parallèlement des formations organisées par la MDPH sur l’autisme et la trisomie 21, et par le CESAT, ainsi qu’une initiation au LPC, le langage parlé complété, et aux logiciels pour faciliter l’autonomie des enfants.

L’enfant dont elle s’occupe actuellement a des difficultés en motricité fine. Ses gestes sont souvent maladroits. L’adaptation est réalisée par le biais d’un ordinateur portable pour tout travail écrit, avec un logiciel de scanner. Sa fiche de travail est scannée et il lui reste à remplir les champs. Ces logiciels sont gratuits sur Internet. L’un d’eux est diffusé par la INSHEA.

L’AVS aide l’enfant dans les tâches manuelles, où il a besoin de recourir à d’autres instruments, et en mathématiques car le repérage dans l’espace lui est difficile. L’ergothérapeute explique que les feuilles doivent être plus grandes et les chiffres plus gros pour lui simplifier la tâche. Un logiciel peut également l’aider pour résoudre les opérations.

L’AVS est présente pour rassurer l’enfant et l’encourager.

Mme LONGUE mentionne la solidarité de la classe, organisée par petits groupes. L’AVS vient par exemple animer un groupe en informatique. Cette organisation a permis une très bonne intégration de l’AVS dans la classe, vis-à-vis des autres élèves qui sont très contents de pouvoir aussi bénéficier de cette aide. Le petit garçon handicapé apprend à partager.

Mme COLIN est la mère de Loïc, petit garçon de 9 ans, IMC, scolarisé dans une école ordinaire en classe de CE2. Il ne présente pas de retard scolaire pour le moment. Les écoles normales ont réalisé des progrès depuis quelques années pour intégrer les enfants handicapés, avec notamment la loi sur l’égalité des chances. Néanmoins, les choses ne sont pas toujours aussi simples sur le terrain.

Au moment de l’inscription à l’école, Loïc marchait avec grande difficulté, il parlait très peu et de façon incompréhensible pour les autres sauf sa maman, et n’était pas propre. A l’époque, aucun diagnostic n’était disponible et sa maladie n’était pas connue. Le présenter à l’école consistait à expliquer en quoi il était différent et à espérer qu’il soit accepté. La directrice n’a pas posé de problème et l’a accepté très volontiers. Il a été bien intégré dans la classe et le personnel enseignant a bien coopéré. Toutefois, le regard des autres enfants était difficile à supporter. Ils ne comprenaient pas pourquoi il avait des couches et des attelles. Il était nécessaire de communiquer et de leur expliquer. La maîtresse n’avait pas les mots pour le faire et la maman non plus.

Dans ce domaine, de grands progrès restent à faire. Le regard des enseignants qui ne connaissent pas l’enfant est aussi difficile à supporter. Certains problèmes apparaissent en grandissant. L’enfant ne sait toujours pas lacer ses lacets et doit demander de l’aide à l’école. Les maîtresses le renvoient parfois lui-même en disant qu’il est en âge pour le faire. Ce n’est pas de la mauvaise volonté mais une mauvaise information.

L’information et la communication permettraient de limiter des malentendus, qui paraissent anodins mais deviennent de véritables handicaps supplémentaires, pour une meilleure compréhension des handicaps au niveau de l’école et des parents d’élèves. Certains problèmes annexes doivent être résolus, comme le stationnement devant l’école. La maman avait suggéré en conseil d’école de créer une zone de stationnement, avec des bandes blanches, comme l’avait fait l’école maternelle. Les échos n’ont pas été favorables de la part de parents d’élèves. Il s’agit d’un manque d’information et de compréhension des difficultés que peuvent présenter certains actes de la vie quotidienne.

Une meilleure communication est souhaitable auprès de toutes les personnes qui interviennent au niveau de l’école. Le personnel de cantine ne comprend pas que cet enfant ne puisse pas couper seul sa viande malgré son âge.

Il serait souhaitable que des moyens soient mis en place pour permettre une meilleure insertion à l’école, avec du matériel informatique et du mobilier adapté.

Le choix du matériel se pose pour les parents, qui doivent faire appel à des professionnels. Ensuite, ils doivent se confronter au circuit administratif et à la longueur du délai de la MDPH. L’obtention du matériel informatique peut prendre plusieurs années. Les parents ne connaissent pas forcément les logiciels. La formation des instituteurs et de l’enfant demande du temps.

Les moyens humains sont faibles en milieux ruraux. Une AVS est formidable dans une classe mais n’est pas toujours disponible. La maîtresse actuelle se retrouve avec une classe à deux niveaux et, pour la première fois, la présence d’un enfant handicapé. L’aide nécessaire d’une AVS, demandée à la MDPH, est pour l’instant sans réponse.

L’école a des spécificités locales. En milieu rural, en raison des recoupements pédagogiques, les classes sont éclatées sur plusieurs sites et, dans chacun, se pose la question des moyens d’accessibilité. Il est difficile d’en demander la mise en place sur tous les sites pour un seul enfant.

Les effectifs sont faibles et les classes à plusieurs niveaux. Ce surcroît de travail pour les enseignants rend difficile l’intégration d’un enfant handicapé. Les thérapeutes font leur maximum pour regrouper les soins et en faciliter l’accès. Néanmoins, l’éloignement des soins provoque un certain absentéisme. L’enfant ne reçoit pas d’aide pour rattraper ce retard.

Le rôle des parents pour faciliter l’insertion du mieux possible est important. Ils sont fortement sollicités par les enseignants, notamment concernant les sorties. Mme COLIN a été sollicitée par la maîtresse pour accompagner son fils à la piscine mais elle n’avait pas l’agrément de la Jeunesse et des Sports. Les parents ne disposent pas non plus toujours du temps nécessaire.

Ils sont aussi sollicités pour avoir de l’information mais ne savent pas toujours où la trouver. La communication est importante et les parents ont aussi besoin d’aide.

Des pas, des progrès ont été faits mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir et d’énergies à mobiliser pour que l’égalité ne soit pas seulement un mot mais une réalité.

Catherine DESCHAMPS constate que, pour bien fonctionner, cette situation demande des efforts importants de la part des enseignants et des familles.