Le regard de l’autre, Catherine témoigne
mardi 10 janvier 2012

Vous pouvez retrouver le questionnaire témoignage et y répondre si vous le souhaitez (n’hésitez pas à le faire).

Étant atteint d’IMC vous ne passez pas toujours inaperçu. Qu’est-ce qui vous agace, vous touche dans le regard de l’autre ? Comment réagissez-vous en général ? Avez-vous mis en place des astuces ? Une stratégie :)) Merci de nous faire part de vos réflexions. Je m’appelle (prénom fictif) Catherine, je suis une femme de 34 ans.

Je suis sensible au regard

de la famille  : Un peu
au regard des ami(e)s, connaissances  : Oui
des collègues de travail  : Non
des professionnels de la santé : Oui
Je suis sensible au regard des inconnus : Oui

Ce que j’ai à dire

- Je ne suis pas vraiment sensible au regard de l’autre :
Nous avons tous besoin d’être reconnus par les autres pour exister.
Tout d’abord les habits à eux seuls peuvent nous permettre de faire des rencontres et me permettent de me situer par rapport aux autres.
Des sentiments de rivalité.
Nous avons tous besoin de nous reconnaitre dans : l’amour, l’amitié, le travail, une partie de la vie familiale. Enfin, on peut devenir soi-même la source unique de sa reconnaissance, soit en allant dans la voie de l’autisme, en refusant tout contact avec le monde extérieur, soit à être égoïste et développer un orgueil.
Il faut se connaitre soi-même, entreprendre un long travail de reconnaissance de soi pour ne pas être sensible aux coups.

- Le regard de votre famille :
La famille est toujours atteinte de près où de loin par le handicap. Il me parait évident que la reconnaissance du handicap va peser sur l’évolution familiale : Comment elle va traiter la personne, envisager son avenir (la nature du handicap, sa gravité, les symptômes relationnels qui en découlent chez le jeune atteint et chez les autres membres de la famille). Ces choix, cette reconnaissance, sont des organisateurs importants de l’évolution de cette famille.
Le handicap ne doit pas être l’organisateur central de cette construction, de l’histoire de la famille.

- Le regard des ami(e)s, connaissances :
Que dire des amis ? je vais faire très court.
Tant qu’on à la santé, que la vie nous sourit nous avons des amis, mais devons-nous les appeler amis pour autant ? Non les vrais amis se comptent sur les doigts de la main. Ils ne sont pas nombreux, mais qu’importe, il suffit parfois de 1 ou 2 amis pour nous booster dans les pires moments et pour nous remettre sur les rails.

- Le regard au travail :
Les collègues au début sont plein de bonnes intentions, mais pour ma part, je découvris qu’ils ne s’intéressent pas à l’individu à proprement parlé. D’abord agréables et serviables, ils cherchent à savoir pour quelle raison une personne handicapée désire travailler et l’encourage même sur cette voie. Ensuite, du fait de notre lenteur et de notre soit disant inaptitude aux changements, beaucoup commencent à jaser et se détournent, C’est alors que l’hypocrisie apparait. On découvre qu’ils jouent double jeux et nous coupe peu à peu de leurs discutions et de leur" petites réunions - café" pour nous signifier que finalement quand on à un handicap et quand nous avons des enfants dit "différents" notre place n’est pas sur le marché du travail.

- Le regard des professionnels de santé :
Les soignants doivent être attentifs à ne pas laisser leur domaine de compétence sur le handicap les éloigner de la perception de la compétence qu’ont les familles pour intégrer les événements de vie dramatiques. Mais, plus que tout, une place doit être laissée aux familles, à l’expression de leurs difficultés, de leur souffrance, et parfois au traitement de leurs incapacités temporaires à dépasser la difficulté qui percute leur trajectoire de vie.

- Le regard des inconnus :
Les inconnus sont admiratifs devant mes actions et la manière dont je gère seule le quotidien avec mes deux enfants atteints de TED (troubles envahissant du développement) néanmoins ne me proposent aucuns soutiens et il est très difficile de leur faire comprendre ma vision de la vie.

- Que souhaitez-vous ajouter ? :
« C’est notre regard qui enferme souvent les autres dans leurs plus étroites appartenances, et c’est notre regard aussi qui peut les libérer » Ammin Maalouf.

Nous vous remercions de votre témoignage Catherine.